Jean-Jacques de Boissieu, 1765

De Boissieu was a Lyonnais engraver traveling to Italy. On 31 July 1765, he witnessed the arrival of Mademoiselle Clairon, the actress, at Voltaire's residence. This letter was published by Jean-Louis de Boissieu, ""Mademoiselle Clairon à Ferney: Une précision inédite", Revue d'histoire littéraire de la France 88:2 (1988), pp. 239-241.

de Genève ce 31 Juillet 1765

Madame et tres chere mere

Nous sommes arrivés hier au soir à Genève en bonne santée, le depart du courrier qui est le Mercredy à retardé l'empressement ou j'étois de vous ecrire et de vous temoigner tout le regret que j'ay eu de vous quitter, de même que mes frères, quelques plaisirs que j'aye ils ne répareront jamais cette perte. Nous avons été tres bien acceullis de Mad La duchesse d'anville de Mr. et Mad La duchesse de la Rochefoucault, à notre arrivé nous avons trouvé un hôtel de trois jolies chambres tres propres qui nous attendoient, fort pres de l'hotel de Mr. Le duc De la Rochefoucault et nous avons pour auberge sa table, nous ne sommes pas trop à plaindre comme vous voyé, nous avons recu ce matin la visite de Mad La duchesse d'anville qui est venu voir s'il ne nous Manquoit Rien, elle est Remplie d'attention Nous avons été passer l'apres midy avec Mr le duc De la Rochefoucault chés Mr. De Voltaire, nous nous y sommes trouvé dans une circonstance heureuse peu apres notre arrivée on a annoncé L'arrivé de Madelle Clairon nous avons été Spectateurs de leurs tendres embrassemens et de toutes les jolies choses qu'ils se sont dit Mutuellement, apres quoy nous nous sommes promené environ deux heures dans son jardin, Son chateau est dans la plus Belle Situation du Monde le lac de geneve les Montagnes de la Suisse, les alpes et Surtout le Mont Blanc qui eleve sa tete altière par dessus toutes les autres offrent un Spectacle enchanteur et qu'il n'est pas possible de se figurer, aussi Mr. de Voltaire ne se Lassoit point de nous le faire admirer, nous avons vu chés luy la petite fille du grand Corneille, je soupay hier ches Mr. Ie duc avec Monsr. Tronchin le medecin qui me dit qu'il seroit tres charmé d'être en Relation avec mon frère du Bois, c'est un homme qui a tout pour luy, je ne crois pas qu'il soit possible de s'énnoncer aussi bien et avec autant de facilité, et il Réunit aux qualités de l'esprit la plus belle figure.

Je ne sçay point encore le tems positif de notre Départ, je Scay Seulement que nous Sommes icy pour au Moins quinze jours, j'auray l'honneur de vous ecrire avant ce temps c'est la seule consolation qui me reste de votre absence, je vous prie d'etre persuadée des sentimens de Reconnoissance et d'attachement que je dois à toutes vos bontés Rien ne pourra en alterer la vivacite et rien n'est plus sincere, de même que le profond Respect avec lequel j'ay l'honneur d'être.
Madame et tres chere mere
votre tres humble et tres
obeissant fils et serviteur
De Boissieu de La Bernardanche
J'embrasse de tout mon cur mes freres à qui je ne scaurois exprimer tout le regrêt que j'ay eut de les quitter. je vous prie de ne pas m'oublier auprès de Monsr. Neyrat a qui je fais mille complimens. je vous prie aussi de vouloir bien assurer de mès Respects mon cher oncle, et ma tante de l'hôpital. de toutes les prieres que je vous feray la plus ardente sera toujours celle de M'apprendre l'etat de votre Santée qui m'interesse plus que toutes choses.


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